La chaîne d’approvisionnement européenne en terres rares prend forme

par | 26. janvier 2023 | Économie

Découverte de terres rares en Suède : Le traitement des matières premières pourrait à l’avenir être effectué en Norvège.
Il y a un peu plus de deux semaines, une importante découverte de terres rares en Suède a fait les gros titres. Selon l’entreprise minière publique LKAB, plus d’un million de tonnes d’oxydes de terres rares ont été découvertes à proximité de la ville de Kiruna (nous en avons parlé). LKAB y exploite une mine de fer, les terres rares pourraient être extraites en tant que sous-produit. L’euphorie est grande, car la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Chine, jusqu’à présent le plus grand producteur mondial de terres rares, pourrait ainsi être considérablement réduite. Mais il est désormais clair que le gisement de Per Geijer ne deviendra pas un projet minier avant plusieurs années, voire plusieurs décennies.
Entre-temps, LKAB investit déjà dans la transformation des matières premières, un marché que les entreprises chinoises dominent tout autant que l’extraction. En novembre, LKAB est devenu le principal propriétaire de REEtec, une entreprise norvégienne qui a développé une technologie de séparation des terres rares. Selon ses propres indications, celle-ci doit être efficace, compétitive et en même temps nettement plus respectueuse de l’environnement que les procédés actuels ; elle a été testée dans une installation de démonstration depuis 2019.

LKAB participe à la construction de la première usine de REEtec avec l’équivalent de 37 millions d’euros. Ensemble, ils veulent créer la base d’une chaîne de valeur nordique forte et durable pour les métaux de terres rares, déclare Jan Moström, président et CEO du groupe suédois. L’entreprise allemande Bilfinger participe également à la planification et à la construction de l’usine.

Les terres rares suédoises seront traitées à partir de 2027.

Le début de la production sur le site norvégien de Herøya est prévu pour 2024, avec dans un premier temps 720 tonnes de néodyme et de praséodyme par an, soit cinq pour cent des besoins de l’UE selon REEtec. Comme nous l’avons rapporté, des accords de livraison ont déjà été signés, notamment avec l’équipementier automobile allemand Schaeffler. La matière première à traiter proviendra de la société minière canadienne Vital Metals.

Dans une deuxième usine qui devrait être mise en service en 2026, REEtec veut également traiter les terres rares de LKAB. Ces dernières seraient des sous-produits de l’extraction de minerai de fer et, selon le communiqué, seraient disponibles à partir de 2027.

L’Europe développe son industrie des terres rares

Face aux incertitudes géopolitiques croissantes et aux menaces de pénurie de matières premières, de plus en plus d’acteurs investissent dans le développement d’une chaîne de valeur européenne pour les terres rares. En Estonie, le groupe canadien Neo Performance Materials prévoit, avec le soutien financier du gouvernement estonien, de construire une usine d’aimants permanents frittés à base de terres rares, qui font partie intégrante des voitures électriques et des éoliennes. La production pourrait débuter en 2025, selon l’entreprise. Neo Performance Materials exploite déjà une installation de séparation des terres rares en Estonie.

Le groupe chimique belge Solvay exploite une autre installation de traitement en France, qui va être agrandie afin de pouvoir séparer une plus grande variété d’oxydes de terres rares, dont le néodyme et le praséodyme. Une usine de traitement des terres rares est également en cours de construction en Angleterre, et la production devrait commencer dès la fin 2023.

Photo: iStock/f9photos

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