Rétrospective de l’année 2022

par | 28. décembre 2022 | Économie

2022 – Une année dans l’ombre de la guerre

L’attaque de la Russie contre l’Ukraine en février de cette année a marqué un tournant politique, mais aussi économique. La forte dépendance de l’Allemagne vis-à-vis des importations d’énergie et l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz qui s’en est suivie ont depuis lors déterminé le débat. L’accélération du développement des énergies renouvelables a pour but de préparer le pays à un avenir plus respectueux du climat. L’attention s’est alors portée sur la prochaine dépendance, car sans matières premières critiques telles que les terres rares, la transition énergétique et celle des transports, portée par l’électromobilité, sont menacées. En effet, le néodyme et le dysprosium, des terres rares très convoitées, ainsi que les composants qui en sont issus, proviennent principalement de Chine. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, entre autres, a donc rappelé qu’il ne fallait pas échanger une dépendance contre une nouvelle.

D’une manière générale, le thème des matières premières critiques semble désormais faire partie intégrante de l’agenda politique. Les partenariats pour les matières premières sont de plus en plus souvent évoqués comme solution, les premières déclarations d’intention ont déjà été signées, par exemple avec le Kazakhstan. Les Etats-Unis font eux aussi appel à l’étranger et coopèrent avec le groupe minier australien Lynas, qui aide à la construction d’une raffinerie de terres rares et peut être considéré comme un symbole de l’ambition australienne de devenir une superpuissance des matières premières.

Malgré toutes les déclarations et les accords : Tout pourrait aller plus vite, car si l’on en croit la PDG de Lynas, Amanda Lacaze, les décideurs politiques aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et ailleurs, sont unis par une même qualité : la lenteur. Et ce, même si l’urgence est connue.

Comment traiter la Chine ?

Un rythme plutôt tranquille semble être adopté lorsqu’il s’agit d’aborder la Chine à l’avenir, et ce alors qu’en Allemagne, deux ministères – le ministère fédéral de l’Économie sous Robert Habeck et le ministère des Affaires étrangères sous Annalena Baerbock – travaillent à leurs propres stratégies pour la Chine. Les deux approches ont un point commun : elles considèrent l’Empire du Milieu comme un rival systémique, qui se montre de plus en plus autoritaire sous Xi Jinping. Ce dernier s’est assuré en octobre un troisième mandat en tant qu’homme le plus haut placé de l’Etat, ce que seul Mao Zedong avait réussi à faire auparavant.

Un découplage complet de l’Allemagne de la Chine ne fait pas partie des documents stratégiques, mais la diversification et la constitution de stocks de matières premières critiques. La stratégie chinoise du ministère des Affaires étrangères devrait, après les concertations entre les différents départements, apporter des réponses « à un moment ou à un autre de l’année prochaine » sur la position allemande vis-à-vis de la République populaire.

Au Canada, on fait déjà les choses en grand : plusieurs entreprises chinoises ont été priées de désinvestir dans le secteur du lithium du pays nord-américain. Pour des raisons de sécurité nationale, disent-ils. Cette annonce a suscité des protestations du côté chinois.

Les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont également sensiblement refroidies cette année. La visite à Taiwan de Nancy Pelosi, porte-parole de la Chambre des représentants américaine, a suscité de vives protestations de la part du gouvernement chinois, qui revendique des droits sur l’île voisine. Taïwan est la patrie du fabricant de puces TSMC, dont la technologie est considérée comme pionnière et nettement plus avancée que celle de la Chine. Afin que cela reste le cas, des contrôles à l’exportation ont été mis en place en octobre pour les puces fabriquées aux Etats-Unis. Le président américain Joe Biden a assuré Taïwan d’une aide militaire en cas d’attaque de son voisin nettement plus grand.

Des tensions se dessinent également dans les relations entre l’Union européenne et les États-Unis, qui souhaitent mettre en place la transition énergétique et des transports « made in America » grâce à d’importantes mesures de subventionnement. Les entreprises européennes craignent d’être désavantagées sur le plan concurrentiel par les réglementations ratifiées dans le cadre de l’Inflation Reduction Act du président Biden. Une taskforce commune est chargée d’écarter la menace d’un conflit.

Lueurs d’espoir

Mais à côté de tous ces développements négatifs, qui se heurtent de surcroît aux séquelles de la pandémie de la maladie de Corona, il y a aussi eu du positif à signaler : Le télescope spatial James Webb a envoyé cet été les premières images de l’enfance de l’espace. L’appareil, qui regorge de matériaux high-tech, est nettement plus avancé que le désormais légendaire télescope Hubble, qui, selon la NASA, continuera d’assurer ses fonctions jusque dans les années 2020. Des processus cosmiques ont également été simulés avec succès sur Terre en décembre. Une percée dans le domaine de la fusion nucléaire a été annoncée aux États-Unis. Ce processus, qui se produit également dans les étoiles, est considéré comme une source d’énergie possible pour l’avenir. Les scientifiques estiment toutefois qu’il faudra encore au moins une décennie avant la commercialisation de ce procédé.

La montée en puissance de la technologie de l’hydrogène est plus rapide. En Hesse, les premiers trains à hydrogène ont été mis en service et devraient faire partie de la plus grande flotte de trains H2 au monde. Le fait que l’hydrogène nécessaire ne soit respectueux de l’environnement que s’il est produit sans énergie fossile exige entre-temps la construction rapide d’installations d’électrolyse correspondantes. La stratégie pour l’hydrogène adoptée par le gouvernement précédent indiquait déjà que l’Allemagne dépendrait à long terme de l’importation de ce qu’on appelle l’hydrogène vert. Dans ce domaine également, les premiers accords internationaux ont été signés, par exemple avec l’Égypte, pays hôte de la conférence des Nations unies sur le climat de cette année.

L’avenir nous dira quels seront les fruits de cet accord et des autres accords et déclarations d’intention conclus en 2022. Dans le cadre des débats sur la sécurité énergétique, de plus en plus de voix se sont élevées cette année en faveur d’une renaissance de l’énergie nucléaire. Ainsi, les Pays-Bas prévoient la construction de nouvelles piles et la Corée du Sud renonce à l’abandon du nucléaire et souhaite augmenter la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité.

Si certaines choses sont donc encore en suspens, une chose est sûre : sans matières premières stratégiques, rien ne sera possible. Métaux-industriels.net restera attentif aux évolutions dans le domaine des terres rares, des métaux précieux et des métaux technologiques en 2023.

Nous vous souhaitons un bon début d’année !
Votre rédaction de Rohstoff.net

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