L’augmentation de l’énergie éolienne offshore dans la région de la mer Baltique devrait rendre l’Europe moins dépendante de l’énergie russe. Mais les besoins en matières premières qui en découlent pourraient augmenter la dépendance, notamment vis-à-vis de la Chine.
La mer du Nord doit devenir une « centrale électrique verte pour l’Europe », a-t-on entendu la semaine dernière lors du sommet sur l’énergie éolienne au Danemark – aujourd’hui, c’est la mer Baltique qui est au centre de l’attention. La réunion ministérielle du Conseil des Etats de la mer Baltique, dont font partie onze Etats ainsi que l’UE, se déroule à Kristiansand en Norvège ; l’adhésion de la Russie a été suspendue. Lors de cette réunion, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock souhaite s’engager pour le développement commun de l’énergie éolienne offshore. L’Allemagne souhaite également profiter de sa prochaine présidence du Conseil à partir du 1er juillet pour faire avancer cette cause. Le développement des énergies renouvelables et des infrastructures énergétiques dans la région doit non seulement contribuer de manière importante à la lutte contre le changement climatique, mais aussi rendre l’Europe moins dépendante des livraisons de pétrole et de gaz en provenance de Russie.
La Norvège est pour l’Allemagne le deuxième fournisseur d’énergie le plus important après la Russie, écrit le ministère des Affaires étrangères. Comme nous l’avons récemment rapporté, les deux pays veulent encore approfondir leur partenariat énergétique. Baerbock souhaite donc profiter de sa visite à Kristiansand pour rencontrer son homologue norvégienne Anniken Huitfeldt. Il est notamment prévu qu’elle visite deux entreprises actives dans le domaine de l’énergie et qui s’occupent du contrôle efficace des éoliennes ainsi que de la production synthétique de poudre de graphite. La matière première pour les batteries, qui se trouve entre autres dans les éoliennes, est en grande partie produite en Chine, écrit l’Agence allemande des matières premières (DERA). Les aimants permanents en terres rares, nécessaires à la construction des éoliennes, proviennent également à près de 90 pour cent de la République populaire. Le développement de l’énergie éolienne offshore prévu en Allemagne, qui passera de 7,8 gigawatts (GW) actuellement à 30 GW d’ici 2030, pourrait donc encore renforcer la dépendance aux importations en provenance de la République populaire.
Dans son discours prononcé hier au Forum économique mondial de Davos, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également fait remarquer que l’accélération de la transition énergétique ne devait pas conduire à de nouveaux rapports de dépendance (nous en avons parlé). C’est pourquoi la Commission travaille à la mise en place de partenariats stratégiques sur les matières premières avec des pays comme le Canada, afin de diversifier les chaînes d’approvisionnement.
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