Pour atteindre ses objectifs de protection du climat, l’Europe doit réduire sa dépendance vis-à-vis des matières premières et produire davantage de métaux elle-même, demande une équipe de chercheurs. Une autre politique est également nécessaire.
Les plans mondiaux de protection du climat s’accompagnent d’une forte demande en matières premières. Outre des métaux comme l’aluminium, les véhicules électriques ont besoin de matières premières pour les batteries comme le lithium, le cobalt et le nickel, ainsi que d’aimants permanents en terres rares pour les moteurs de traction. Les aimants permanents puissants sont également des composants essentiels des éoliennes. Quant aux panneaux solaires, ils sont basés sur une multitude de matériaux tels que le silicium, le gallium, l’indium, le cadmium et le tellure.
« Le tournant énergétique consiste à passer des combustibles fossiles aux métaux », constate donc un livre blanc (PDF) des universités néerlandaises Leiden-Delft-Erasmus. Pour l’approvisionnement en ces matières premières critiques, l’UE est toutefois fortement dépendante des importations, principalement de Chine. Pour réduire cette dépendance, l’Europe doit développer ses propres entreprises minières et de raffinage, conclut l’équipe de recherche. L’allongement de la durée de vie des produits et le recyclage pourraient également contribuer à éviter les pénuries critiques.
Il n’y a certes pas de pénurie de minerais pour l’extraction, explique le co-auteur René Kleijn, mais le problème est de savoir si les chaînes d’approvisionnement peuvent suivre le rythme de la croissance rapide de la demande. Selon des études, la production mondiale de certains métaux devra être multipliée par 20 à 50 d’ici 2050, mais la construction d’une nouvelle mine pourrait prendre jusqu’à deux décennies, selon Kleijn. La concurrence entre les grands pays industrialisés pour les métaux convoités entraînera donc des tensions géopolitiques accrues, voire un changement de pouvoir en faveur des pays riches en minerai.
Actuellement, la Chine domine l’extraction et la production de nombreux métaux et minéraux nécessaires à la transition énergétique. Le gouvernement aurait encouragé et soutenu financièrement certains secteurs de manière proactive ; une telle politique industrielle est également nécessaire en Europe, demandent les auteurs de l’étude. Selon eux, l’UE ne peut plus compter sur les mécanismes du libre marché pour résoudre tous ses problèmes de matières premières.
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