L’agence de l’énergie met en garde : les minéraux et les terres rares risquent de se raréfier

par | 28. octobre 2021 | Marché

Les matières premières minérales sont une denrée précieuse. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de montrer à quel point la situation sur le marché mondial pourrait évoluer de façon dramatique au cours des prochaines décennies.

Il y a quelques mois, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté une nouvelle étude à son siège à Paris. Elle y calcule en détail la demande croissante de matières premières minérales qui serait nécessaire à la mise en œuvre de la transition énergétique mondiale. Lors de la présentation de l’étude, Fatih Birol, chef de l’AIE, a souligné un « décalage croissant » entre les objectifs climatiques de plus en plus stricts et la disponibilité des minéraux critiques et des terres rares, qui sont essentiels à la réalisation de ces objectifs.

Ignorer cela, a ajouté M. Birol, pourrait ralentir et augmenter le coût de l’ensemble du processus mondial vers l’énergie propre, et finalement entraver les efforts de lutte contre le changement climatique mondial.

Le point crucial ? De nombreuses technologies et produits nécessaires à la lutte contre le changement climatique sont particulièrement dépendants des minéraux critiques et des terres rares. Les éoliennes, par exemple, mais aussi les moteurs électriques et les batteries pour l’e-mobilité. Les véhicules électriques, par exemple, nécessitent plus de métaux technologiques pour leur production que les véhicules conventionnels, comme l’écrit le ministère fédéral de l’environnement dans un bilan des ressources. Le lithium et le cobalt, en particulier, sont des matières premières importantes pour les batteries. Les moteurs électriques, quant à eux, contiennent des aimants qui nécessitent des métaux de terres rares tels que le terbium et le néodyme.

Le parc éolien consomme des matières premières minérales

La nouvelle étude de l’AIE aboutit à des conclusions similaires. Ses calculs sont clairs : les systèmes énergétiques durables basés sur des technologies propres diffèrent considérablement des systèmes énergétiques précédents. Selon l’étude, un parc éolien terrestre, par exemple, consomme neuf fois plus de matières premières minérales qu’une centrale électrique comparable alimentée au gaz, et une voiture électrique environ six fois plus qu’un moteur à combustion. Selon les calculs de l’AIE, la consommation de matières premières minérales pour les seules batteries des futures voitures électriques sera multipliée par 30 d’ici 2040. Cela signifie que l’e-mobilité est actuellement le principal moteur de la consommation mondiale croissante de terres rares.

Deutschlandfunk cite les propos de l’économiste britannique Tim Gould, l’un des auteurs de l’étude de l’AIE : « Si nous mettons tout en œuvre pour atteindre nos objectifs climatiques actuels, nous aurons besoin d’au moins quatre fois plus de minéraux pour les sources d’énergie renouvelables en 2040 qu’aujourd’hui. Et si nous voulons parvenir à des émissions de CO2 nulles dès 2050, il faudra compter jusqu’à six fois plus. »

L’importance commerciale des minéraux augmente

Il est donc évident que ces développements ont également un impact sur la valeur économique des matières premières minérales. Selon l’AIE, « l’importance commerciale de ces minéraux va augmenter rapidement ». Bien que le bénéfice de la production d’énergie à partir du charbon soit encore dix fois plus élevé que celui de la production d’énergie à partir de minéraux aujourd’hui, ce rapport s’inverserait d’ici 2040 si les objectifs climatiques mondiaux restent inchangés.

Dans ce contexte, le journal autrichien « Die Presse » fait un calcul intéressant pour ses lecteurs. Il demande : « L’évolution technologique ne va-t-elle pas aussi libérer des matières premières précieuses pour d’autres usages ? » Par exemple, le platine et le palladium, s’il y a moins de voitures à moteur à combustion et donc moins de pots catalytiques d’échappement. Malheureusement, non. Car comme la demande de piles à combustible augmente en même temps, il y aurait une augmentation de la demande des métaux précieux tant convoités, selon les experts de l’AIE.

« Cette histoire peut être représentative de tous les matériaux de l’avenir : le nombre de matériaux nécessaires et leurs quantités ne cessent d’augmenter et avec eux, la dépendance vis-à-vis des fournisseurs », explique Die Presse. Preuve en est le smartphone, dont la production nécessite pas moins de 62 éléments chimiques différents provenant du monde entier.

Les défis ne sont pas insurmontables

Malgré tout, le chef de l’AIE, M. Bristol, ne veut pas dresser un tableau pessimiste. Il considère son étude plutôt comme un signal d’alarme pour les pays européens. « Les défis ne sont pas insurmontables, dit-il, mais les gouvernements doivent indiquer clairement comment ils comptent traduire leurs promesses climatiques en actions. » S’ils agissaient maintenant et ensemble, ils pourraient réduire considérablement le risque de volatilité des prix et de perturbations de l’approvisionnement en produits minéraux à l’avenir, affirme M. Bristol.

Photo: iStock RoNeDya

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