DERA : Possibilité d’une pénurie d’iridium et de scandium

par | 8. février 2022 | Économie

La production décarbonée d’hydrogène augmente les besoins en matières premières critiques

Dans sa stratégie nationale de l’hydrogène, le gouvernement allemand avait décrit en 2020 l’importance de l’hydrogène pour le développement et la réalisation de la transition énergétique. Entre-temps, le contrat de coalition du nouveau gouvernement a actualisé cette stratégie qui prévoit désormais que l’Allemagne devienne le marché leader des technologies à hydrogène. À terme, c’est de l’hydrogène vert qui devrait être mis en œuvre, c’est-à-dire un hydrogène produit exclusivement à partir d’énergies renouvelables par le processus d’électrolyse de l’eau.

Dans sa dernière publication thématique, l’Agence allemande des matières premières (DERA) a évalué les besoins en minéraux liés au développement des diverses techniques d’électrolyse de l’eau. La DERA se base pour ses prévisions sur deux scénarios qui se différencient selon les facteurs pris en compte, par exemple l’accroissement de la population ou l’utilisation des ressources. 

Dans le scénario « Durabilité », on estime que les besoins en iridium, un métal du groupe du platine requis pour l’électrolyse par membrane d’électrolyte de polymère, seront en 2040 cinq fois plus élevés que la production raffinée de 2018. Pour l’électrolyse à oxyde solide, le même scénario prédit que la demande en scandium, un élément de terre rare, correspondrait en 2040 à 2,7 fois la production de 2018. 
Le scénario plus prudent, intitulé « Voie moyenne », prévoit un besoin de 10 tonnes d’iridium, volume là aussi bien plus important que celui de la production de 2018, et 77 % de la production totale de scandium nécessitée uniquement pour l’électrolyse. Dans les deux modèles, les besoins en yttrium et titane seraient en revanche inférieurs à la production raffinée de 2018. 

Les risques de prix et de livraison existent déjà

Étant donné ces pronostics, il n’est pas étonnant que la DERA prédise des risques d’approvisionnement, surtout pour l’iridium et le scandium. Les quantités extraites par an sont très faibles et l’offre limitée à quelques rares pays, donc fortement concentrée.

Avec environ 4000 dollars par once, le prix de l’iridium se situe aujourd’hui à un niveau relativement élevé. Philipp Götzl-Mamba, expert en métaux précieux chez le fournisseur industriel TRADIUM, a expliqué à Métaux-industriels.net que cette conjoncture est renforcée par le développement constant du secteur de l’hydrogène et la demande qui en découle. L’approvisionnement semble stable pour le moment et équilibré, mais de possibles grèves de mineurs ainsi que les sanctions économiques contre la Russie au conflit ukrainien font craindre un risque difficilement calculable. En effet, l’Afrique du Sud est bien le principal producteur d’iridium, mais la Russie en est un important fournisseur aussi. Si la demande continuait d’augmenter en raison des nouveaux domaines d’application tels que la technologie 5G, les prix se maintiendraient durablement à un niveau élevé. Comme l’iridium est un sous-produit de l’extraction d’autres métaux, il est difficile d’accroître l’offre à volonté. 

Selon la DERA, le développement de l’extraction du scandium semble en revanche possible depuis que Rio Tinto a lancé une nouvelle unité de production au Québec. Jusqu’à présent, c’était essentiellement la Chine qui produisait ce métal.

Photo : iStock/Scharfsinn86

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