Comment devenir indépendant des matières premières ?

par | 28. octobre 2021 | Technologies

Les constructeurs automobiles veulent utiliser moins de terres rares et de métaux technologiques. Néanmoins, leur demande augmentera à l’avenir.

Les métaux des terres rares que sont le néodyme et le praséodyme jouent un rôle clé dans l’électromobilité. Ils sont nécessaires dans les voitures électriques, entre autres pour les aimants permanents de l’entraînement. Comme les autres terres rares, le néodyme et le praséodyme sont principalement exploités en Chine. Les tensions politiques actuelles entre les États-Unis et la Chine alimentent donc les craintes de l’industrie automobile de voir les approvisionnements interrompus.

Les faits.

Pour contrer la dépendance à l’égard de la Chine, certains constructeurs automobiles tentent de remplacer le néodyme, le praséodyme et d’autres matières premières critiques ou de réduire leur consommation. Le constructeur automobile japonais Toyota, par exemple, travaille au développement d’un moteur électrique dans lequel jusqu’à 50 % du néodyme sera remplacé par du lanthane et du cérium. Ces terres rares sont moins chères à l’achat. Le moteur devrait être prêt à être utilisé en 2025. Le recyclage des aimants est également en cours d’expérimentation. La start-up lyonnaise Carester, par exemple, a de grands projets pour une usine de retraitement. L’État français soutient l’entreprise à hauteur de 15 millions d’euros. Une voie différente est empruntée par l’équipementier automobile allemand Mahle, qui a annoncé le développement d’un moteur entièrement dépourvu d’aimant. Selon le communiqué de presse, le moteur doit avoir des performances qui n’ont été atteintes jusqu’à présent que dans le cadre de la course électronique. Bien que l’on ne sache pas quand le moteur de Mahle sera prêt pour la production en série, l’entreprise aborde ce point crucial avec son projet de recherche : il existe déjà des entraînements qui se passent d’aimants permanents, mais lorsqu’il s’agit de puissance et d’efficacité, le néodyme et le praséodyme sont LA solution. Il n’est donc pas étonnant que les moteurs fabriqués avec ces matériaux restent en tête dans les prochaines années, comme le montre une prévision du service d’information IHS Markit.

Les voitures électriques elles-mêmes viendront bientôt de Chine.

En revanche, la Chine dispose d’une grande quantité de terres rares dans lesquelles elle peut puiser. Il n’est donc guère surprenant que près de la moitié des voitures électriques immatriculées dans le monde se trouvent sur les routes chinoises, comme l’a annoncé au printemps le Centre de recherche sur l’énergie solaire et l’hydrogène du Bade-Wurtemberg (ZSW). Ironiquement, le constructeur automobile américain General Motors a contribué au succès de l’électromobilité en Chine, en plus des dépôts de matières premières et des primes d’achat. La voiture électrique la plus populaire de Chine, la Hongguang Mini, a été développée en coopération avec les entreprises chinoises Saic et Wuling. La petite voiture est la voiture électrique la plus vendue au monde après la Model 3 de Tesla. Cependant, elle n’est proposée qu’en Chine. Toutefois, le nombre de voitures électriques exportées par la Chine est en forte hausse, comme l’écrit le magazine chinois Global Times. La Gigafactory de Tesla à Shanghai y est pour beaucoup. Le fabricant s’appuie également sur le néodyme pour le succès de son modèle.

Encore plus de pression

Les annonces de la Commission européenne sur la réduction des émissions nuisibles au climat devraient donner un élan supplémentaire à la demande de voitures électriques. Dès 2035, plus aucune nouvelle voiture à moteur à combustion interne ne sera immatriculée et le passage à des véhicules zéro émission au niveau local sera accéléré. La production de voitures électriques doit bien sûr augmenter en conséquence. Avant même que les projets ne soient connus, le journal anglais The Guardian a cité des estimations selon lesquelles l’utilisation du néodyme et du praséodyme dans les voitures électriques représentera jusqu’à 40 % de la demande totale au cours des dix prochaines années.

Il n’y a donc aucun moyen de contourner l’Empire du Milieu et ses matières premières dans un avenir prévisible. Cela ne comprend même pas les autres terres rares et les métaux technologiques qui sont nécessaires pour d’autres technologies futures.

Photo: iStock/anyaberkut

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