La Chine veut relever les défis technologiques et démographiques en faisant davantage appel à la robotique. Cela devrait également augmenter la demande en terres rares.
Les robots sont des compagnons indispensables dans de nombreux films de science-fiction et ont longtemps été considérés comme l’incarnation du progrès. Pourtant, ils sont déjà devenus indispensables à l’industrie. De nombreuses étapes de la production automobile sont largement automatisées depuis de nombreuses années. Dans les foyers du monde entier, le nombre de robots de service, qui se chargent par exemple de passer l’aspirateur, est également en augmentation.
La Chine ne veut pas seulement profiter de cette évolution, mais aussi y jouer un rôle de premier plan, comme l’a annoncé le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information dans son plan quinquennal présenté fin 2021. Déjà le plus grand marché pour la technologie robotique, le pays veut à l’avenir couvrir les besoins croissants par son propre développement et sa propre production. Actuellement, environ 70 % des robots sont importés de l’étranger, comme le montrent les chiffres de l’association de robotique IFR.
Avec son projet, la Chine pourrait résoudre plusieurs problèmes à la fois. En effet, la République populaire est confrontée à de grands défis démographiques en raison du vieillissement de la société et de la pénurie de main-d’œuvre qui en résulte, comme le montre notamment une étude de Citigroup. Les diplômés universitaires choisiraient en outre surtout de travailler dans les technologies de l’information et moins dans l’industrie automobile et manufacturière, où la pénurie de main-d’œuvre s’accentuerait en conséquence. Un recours accru aux robots permettrait donc de remédier à cette situation dans ces secteurs. Quant à la population âgée, les robots de service pourraient lui servir d’assistants au quotidien, comme l’écrit le quotidien anglophone China Daily. A cela s’ajoutent d’autres emplois, que l’on appelle en anglais les quatre D, dirty, dangerous, dull and dedicated, c’est-à-dire sales, dangereux, ennuyeux et exigeants.
Les robots ont besoin de terres rares
Mais le développement de l’industrie robotique offre encore une autre opportunité à l’économie chinoise : les aimants permanents en terres rares sont indispensables à la fabrication des robots, en particulier les aimants NdFeB composés de néodyme, de fer et de bore, nécessaires pour les servomoteurs de la force de travail mécanique. La Chine est pour ainsi dire à la source et produit aussi bien le matériau de base que les composants finis.
Le service spécialisé Shanghai Metals Market prévoit que la demande d’aimants permanents augmentera avec la robotique, tout comme avec l’électromobilité. Cela devrait être un avertissement pour l’industrie européenne qui dépend des importations d’aimants permanents : Du point de vue du ministre responsable de l’industrie et des technologies de l’information, Xiao Yaqing, son pays ne participe pas assez à la chaîne de création de valeur des terres rares. Il manque des biens de haute qualité fabriqués à partir de ces matières premières. L’automatisation croissante et la production à moindre coût de voitures électriques, de cellules solaires ou d’éoliennes devraient toutefois changer la donne dans un avenir proche et augmenter encore la part de marché de la Chine. On ne sait pas quelles seront les conséquences sur l’exportation de composants en amont comme les aimants permanents, mais la politique chinoise se concentrera probablement sur l’approvisionnement de sa propre industrie, compte tenu des objectifs clairs du plan quinquennal.
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